La présence d’une neuropathie périphérique (ND) chez les diabétiques révèle un excès de risque de décès et d’ischémie myocardique silencieuse. Toutefois, son impact par rapport à celui des facteurs de risque (FR) cardiovasculaire (CV) classiques restait mal étudié. L’étude présentée dans le numéro d’août de la revue Heart a porté sur plus de 13 000 diabétiques de type 2 (DT2) suivis en soins primaires et encore exempts de complications CV. Le diagnostic de ND reposait l’atténuation de la perception au test du monofilament, qui fait partie du bilan annuel systématique. 1296 patients (9,9%) avaient une ND à l’inclusion et 11 747 n’en avaient pas. Les premiers avaient un âge moyen plus élevé (70,1 ans vs 63,1 ans), étaient plus souvent caucasiens et fumeurs actuels, avec une PAD et une HbA1c plus élevées, un LDL-cholestérol et une filtration glomérulaire plus bas. Ils recevaient plus souvent des statines et des antihypertenseurs, en particulier des inhibiteurs du SRAA. Curieusement la durée du diabète n’était pas précisée.[private]
Pendant les 30 mois de suivi, 399 événements CV non fatals (hors 407 décès) ont été observés (IDM, revascularisation coronaire, insuffisance cardiaque, AVC, AIT): 65 (5,0%) chez les patients avec PN et 334 (2,8%) chez ceux exempts de ND. La survie sans événement à 30 mois a été de 89,4% pour les premiers et de 94,4% pour les seconds (p < 0,001). Dans le même ordre, la mortalité pour 1000 patients-années a été respectivement de 28,8 et 11,3 (p < 0,001). La présence d’une ND était un facteur prédictif du risque d’événements CV ou de décès en analyse univariée (rapport de risque 1,78 ; ic 95% 1,37-2,32 ; p < 0,001) et, à un moindre degré en analyse multivariée incluant les FRCV classiques (1,38 ; ic 95% 1,05-1,80 ; p = 0,02), avec un résultat quasi identique en ajoutant aussi l’HbA1c dans le modèle. Cette prédictivité ne valait pour aucun des événements du critère composite pris séparément mais se retrouvait pour tous les sous-groupes d’intérêt. Une relation étroite a été trouvée entre ND et microalbuminurie sans que les deux se neutralisent dans les différents modèles. Par rapport à l’utilisation des autres FRCV, l’ajout de la ND n’a permis de reclasser que 6,9% dans les différentes catégories de patients à risque.
Les auteurs concluent que malgré un supplément d’information modeste, la détection d’une ND garde tout son intérêt en raison de sa facilité de mise en œuvre à faible coût.
Référence
Brownrigg JRW, de Lusignan S, McGovern A et al. Peripheral neuropathie and the risk of cardiovascular events in type 2diabetes mellitus. Heart 2014;0;1-7.
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