L’ACC vient de publier un court document sur les implications cardiaques du coronavirus COVID-19. En voici l’essentiel :
Données épidémiologiques
Le COVID-19 est un bêta-coronavirus, comme le SARS et le MERS, qui provoque des pneumopathies virales de gravité variable. Au 28 février 2020, 83 863 cas confirmés étaient recensés, entraînant 2 867 morts, dans 61 pays. Par rapport au SARS, le COVID-19 paraît plus facilement transmissible, mais sa gravité semble moindre. La mortalité est cependant plus élevée chez les diabétiques, les hypertendus, les patients ayant une pathologie cardiovasculaire et les sujets âgés.
Premières données cliniques sur les conséquences cardiaques du COVID-19
Les premières données cliniques proviennent de Chine. Environ 50 % des patients hospitalisés ont une pathologie chronique, d’origine cardiovasculaire dans 80 % des cas. La mortalité des premiers cas recensés est de 2,3 %, mais augmente à 7,3 % chez les diabétiques, 10,5 % chez les patients ayant une pathologie cardiovasculaire (contre seulement 6,3 % chez les patients ayant une pathologie respiratoire chronique) et 14,8 % chez les sujets de 80 ans et plus. Parmi 138 patients hospitalisés et dont l’histoire clinique est décrite avec précision : 20 % développent un syndrome de détresse respiratoire aiguë, 17 % ont des arythmies, 7% ont une atteinte myocardique, 9 % développent un état de choc et 4 % une insuffisance rénale aiguë. Il semble que certains patients puissent développer une myocardite.
Les enseignements des autres pandémies à virus respiratoires
- Virus grippaux : à l’exception de la grippe de 1918, la mortalité de toutes les autres pandémies grippales était principalement d’origine cardio-vasculaire
- Pathologies virales usuelles : les atteintes virales sont un facteur de déstabilisation des pathologies CV, entraînant une augmentation de la demande liée à l’infection, et une diminution de la réserve myocardique. L’atteinte virale peut déstabiliser les plaques athéromateuses coronaires et l’infection pulmonaire déstabiliser une insuffisance cardiaque.
- SARS/MERS : à la lumière des données disponibles pour le MERS, il paraît raisonnable de traiter prioritairement les patients ayant une pathologie cardio-vasculaire. Les infections à SARS/MERS peuvent provoquer des myocardites, provoquer des infarctus du myocarde ou provoquer des décompensations cardiaques aiguës.
La réponse inflammatoire à l’infection peut être responsable d’une dysfonction ventriculaire diastolique ; une fraction d’éjection basse est prédictive d’une nécessité ultérieure de recourir à la ventilation assistée.
Recommandations cliniques dans l’état actuel des connaissances
- Le COVID-19 se propage par les gouttelettes respiratoires et peut rester actif pendant d’assez longues périodes en milieu extérieur. Les stratégies de prévention doivent donc être adaptées à ce mode de propagation.
- Dans les zones où le COVID-19 est actif, il faut prévenir les patients ayant une pathologie cardiovasculaire que l’infection est à risque plus élevé pour eux et il faut donc encourager des mesures de précautions supplémentaires dans la limite du raisonnable.
- Les personnes âgées sont moins souvent fébriles et, chez elles, il faut porter plus d’attention à des symptômes comme la toux et la dyspnée.
- Des experts ont proposé une utilisation plus rigoureuse des traitements recommandés, pour stabiliser les plaques d’athérome (statines, bêta-bloquants, IEC, aspirine) en fonction de chaque situation individuelle.
- Les patients ayant une pathologie cardio-vasculaire doivent être à jour de leurs vaccinations, en particulier contre le pneumocoque, pour diminuer le risque de surinfection ; la vaccination antigrippale est également prudente pour réduire le risque de confusion avec l’infection à COVID-19.
- Il est raisonnable de proposer un triage des patients ayant des comorbidités chroniques cardiovasculaires, rénales, respiratoires ou autres, en considérant ceux-ci comme prioritaires.
- Les tableaux d’infarctus du myocarde peuvent être en partie masqués lors d’une infection à COVID-19.
- Dans les régions à faible prévalence du COVID-19, il faut insister sur l’importance de la vaccination et des mesures d’hygiène (lavage des mains fréquents) chez les malades cardio-vasculaires, en insistant sur l’observance des traitements cardio-vasculaires recommandés.
- Le personnel soignant doit être prêt à suivre les recommandations des autorités de santé sur l’utilisation des équipements de protection.
- En raison de la rapidité de propagation de l’épidémie, et de ses caractères cliniques encore imparfaitement connus, il faut s’attendre à des évolutions des recommandations sur le sujet.
On le voit, beaucoup de généralités et peu de conseils véritablement précis sur l’attitude spécifique à adopter face à l’épidémie !
Nicolas Danchin